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Raffarin avalise le déni de démocratie

Raffarin avoue tout : en plus des électeurs, il faut séduire les fonds de pension !

Gérald Andrieu - Marianne | Jeudi 7 Juillet 2011 à 15:11 | Lu 7037 fois
http://www.marianne2.fr/Raffarin-avoue-tout-en-plus-des-electeurs-il-faut-seduire-les-fonds-de-pension-_a208206.html

 

 

Gagné par un excès de franchise, l’ancien Premier ministre a expliqué que lors de la prochaine présidentielle, les électeurs français auront autant leur mot à dire que… les créanciers du pays ! Mais plutôt que de s’offusquer de cette perte de souveraineté, Raffarin appelle à caresser dans le sens du poil les fameux marchés…


On connaissait Jean-Pierre Raffarin en grand spécialiste de la phrase sinueuse et imagée, en expert en langue de chêne massif et en circonvolutions. Mais ce matin, sur RTL, l’ex-Premier ministre y est allé, sans tortiller de l’arrière-train, de ces petites vérités qui font mal à entendre.

Après avoir salué le « métier difficile » (sic) des agences de notation, voilà qu’il nous dit tout haut le rôle déterminant et désastreux que ces organismes-là ont désormais sur la vie politique de notre pays : « Au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs. Nous sommes endettés comme tous les pays endettés. Pour que notre pays marche, il faut que certains lui prêtent de l’argent. Ce “certains”, ce sont des fonds de pension, ce sont des retraités, ce sont des acteurs mondiaux, ce sont surtout des acteurs hors de France. Ces acteurs-là, ils ont leur avis sur l’économie française. »

Mais plutôt que de s’insurger contre ce déni de démocratie fait aux Français (puisqu’il s’agit bien d’une perte de notre souveraineté au profit des fameux marchés), Jean-Pierre Raffarin préfère servir la soupe à nos « prêteurs » : « Il va falloir faire des promesses de bonne gestion, des promesses d’équilibre budgétaire, de rigueur budgétaire, de réformes ».

 

On savait déjà pertinemment que l’UMP ferait campagne sur ce thème-là face au candidat socialiste. La sortie de Raffarin au micro d’Aphatie n'en est finalement qu'une éclatante confirmation. « Voter PS, répèteront jusqu’à plus soif les pontes de la majorité, c’est prendre le risque de nous fâcher tout rouge avec les agences de notation et de voir la note de la France dégradée ». Ou comment faire passer le débat politique sous les fourches caudines de la dette et des marchés. Ou comment même le faire disparaître des écrans radars de la campagne. Nicolas Sarkozy et l’UMP n’ont d’ailleurs aucun intérêt à ce qu’il y ait un vrai débat politique. Il n’y a qu’à voir avec quelle délectation la droite va de l’avant vers la présidentielle pendant que les dirigeants PS, eux, sont empêtrés dans l'affaire DSK.

Les socialistes ont d'ailleurs intégré depuis de long mois que la campagne se fera sur ce terrain-là, qu’il leur faudra apparaître plus « responsables » que jamais pour ne pas effrayer les marchés. Depuis plus d'un an, il parle de « période d’argent public rare ». Bien avant même sa déclaration de candidature à Lille, la première d'entre eux, Martine Aubry, affirmait déjà plus ou moins dans ses discours que « tout ne sera évidemment pas possible tout de suite »...

Ce matin donc, Raffarin nous a prévenu de la teneur de la campagne à venir. Il s’est montré d’une franchise qu’on ne lui connaissait pas. Mais au moins le fait-il aussi envers son propre camp ! Lorsque Jean-Michel Aphatie lui fait par exemple très justement remarquer que nous avons eu droit à « cinq ministres des Affaires européennes en quatre ans » et que le dernier en date, Jean Leonetti, comme un« symbole », est « spécialiste de la fin de vie », Raffarin dégaine sa franchise toute neuve et pas encore usée : « Ce qui compte, c’est que c'est Alain Juppé qui est à la tête de ce dossier et je peux vous dire que, lui, ses convictions européennes sont affirmées ». Leonetti appréciera…
C'est parti pour un nouveau record d'abstentions aux présidentielles. Si les Français ne peuvent plus faire confiance à la démocratie, que leur reste-t-il ? (NDR)


09/07/2011
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