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Tous otages des banksters

La prise d’otages permanente

20-06-2011 par Michel SANTI

Voilà de longs mois que je prévois le défaut de paiement grec. Les marchés, eux, l’anticipent depuis près d’un mois. Cette tragédie est bien grecque, je le crains, dans le sens où – à l’instar des pièces de théâtre classiques – il importe peu que l’identité de celui (ou de celle) qui sera tué ou sacrifié soit connue d’avance, celui-ci n’en souffrira pas moins durant toute la durée de la pièce… Ceux en charge des affaires de notre continent auraient épargné à ce pays une agonie aussi longue qu’inutile en lui permettant sa sortie de l’Euro dès le milieu de l’année 2010. La Grèce et, incidemment, l’Europe toute entière ne s’en seraient que mieux portées. Mais bon, voilà, il fallait que la politique – avec son lot de couardise, d’incompétence et d’arrogance – intervienne avec pour seule conséquence un pourrissement aussi irrémédiable que contagieux.

Il était en effet inéluctable que l’Etat grec, qui doit quelque 200’000 Euros à chacun de ses citoyens, fasse faillite avec une telle ardoise insoutenable. Le bon sens commun autorisait ainsi de prévoir avec quasi certitude une sorte défaut qui pouvait aller de la restructuration partielle des dettes à la banqueroute en bonne et due forme. C’est la mauvaise politique qui aboutit donc aujourd’hui à des angoisses de contamination par la Grèce de l’Irlande, du Portugal et de l’Espagne… C’est nos élites au pouvoir pas plus capables de trancher dans le vif que d’affronter la réalité qui sont aujourd’hui responsables d’un enlisement qui en coûtera à l’ensemble de la population européenne.

Car la Grèce n’aurait pas été le premier pays au monde – et ne sera certainement pas le dernier – à déclarer banqueroute. Le Grèce aurait en fait été un des plus petits pays à restructurer sa dette. Sans négliger une hypocrisie généralisée de nos classes dirigeantes incapables de reconnaître que ce n’est pas tant la Grèce qui les préoccupe que les banques lui ayant prêté… Car cette véritable hystérie collective qui s’empare des analystes, des marchés, des médias et bien-sûr des politiques qui lancent tous des avertissements émus selon lesquels le défaut de paiement grec déclencherait une crise à la Lehman n’est nullement motivée par la défense des intérêts ou le bonheur des citoyens européens.

Non, la réalité est que – nous citoyens de cette Union – sommes pris en otages par les banques. Une fois de plus. Ces dernières nous appellent à l’aide et mettent nos politiques sous une intense pression en les sommant de les renflouer et c’est précisément pourquoi la Grèce devrait restructurer la majorité de sa dette. Permettre aux grecs, aux portugais, aux irlandais de respirer un peu n’est qu’un acte d’humanité. Sauver encore et toujours la mise des banquiers relève de la stupidité et du suicide collectif car il est des professions – comme des personnes – qui n’apprennent jamais !

Il est donc aujourd’hui impératif – vital même – de forcer nos banques à prendre une partie importante de leurs pertes afin de ne pas nous retrouver sempiternellement dans ce rôle inconfortable d’otage de la finance et des financiers. Souvenez-vous du plus important assureur mondial, AIG, qu’il fallait sauver coûte que coûte afin … de gonfler les profits de Goldman Sachs ! La Grèce doit aux banquiers et aux investisseurs environ 350 milliards d’Euros ? Qu’à cela ne tienne : déclarons le défaut de paiement sur la moitié de ces engagements et, surtout, replaçons ces chiffres dans leur contexte. Contexte qui nous dit que, les bourses mondiales et européennes ayant une capitalisation de respectivement quelque 35’000 milliards et 7’000 milliards d’Euros, la perte sèche de 175 millions due à la banqueroute grecque représenterait une dépréciation des bourses européennes de… 2.5%.

Peut-être serait-il opportun de réinventer la tragédie grecque en ré écrivant la fin de sorte à ce que celle-ci ne soit pas systématiquement néfaste pour les mêmes héros, maudits et résignés, qui finissent toujours pas être sacrifiés… La finance doit retrouver le bon sens commun et apprendre enfin à accepter des pertes.



22/06/2011
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