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La faillite nous voici !

Faire faillite pour briser le cercle vicieux de la finance !

03-06-2011

Non comme aboutissement logique de son extrême faiblesse économique mais plutôt comme preuve de sa vitalité démocratique : la Grèce doit faire défaut ! Cette nation, qui avait appris en son temps à l’humanité l’essence des principes démocratiques, doit aujourd’hui renouveler cette leçon et l’adapter en déclarant forfait car il est insupportable qu’elle soit la victime expiatoire des errements du monde de la finance et de la banque. A cet égard, il convient de perdre ses illusions car le plan de sauvetage de ce pays concocté au plus haut niveau le fut principalement afin de limiter la casse à une finance insatiable qui avait misé (bien) plus que de raison sur une Europe périphérique et centrale ayant – un temps – rapporté (très) gros.

Le branle bas de combat ayant résulté en des crédits en faveur de la Grèce ne repose sur nulle intention de raffermir son économie ou d’assurer l’avenir financier de ses citoyens. Ces financements furent en effet consentis afin d’accorder un sursis aux banques créancières et tant pis si le prix à payer par les grecs serait de subir des réductions salariales et un chômage massif tout en les enchaînant à des prêts que même les générations futures auraient du mal à payer. Et tant pour le pays et pour ses richesses (y compris archéologiques) qui seraient vendues à l’encan… De la vente de la participation à hauteur de 74% de l’Etat grec dans le port du Pirée à OTE, plus importante entreprise de Télécom des Balkans, ou de PPC, plus gros producteur d’électricité du pays, en passant par OPAP qui est la première société européenne de paris et de jeux dont le gouvernement grec dispose de 34% des actions ou encore de la privatisation de la Hellenic Postbank …les ventes en masse des bijoux de famille grecs sont appelés à pousser citoyens et syndicats de ce pays dans leurs derniers retranchements, sans même juger de la légalité de telles braderies !

Au demeurant, le plan de sauvetage de 110 milliards d’Euros de l’an dernier devra – quoiqu’il arrive et quel que ce soit le résultat des ventes de ces actifs grecs – être complété d’un second apport de 20 à 30 milliards pour 2013 au plus tard…Peu importe car, du point de vue des investisseurs comme des autorités européennes, il était de toute façon plus sensé de prêter à la Grèce ces 110 milliards d’Euros assortis de conditions d’austérité draconiennes que d’exiger de la part de ses créanciers qu’ils prennent leurs pertes. Impensable en effet d’acculer à des pertes ces établissements financiers et leurs investisseurs ayant consciemment parié en jouant de l’effet de levier sur une Europe émergente alors qu’il est si simple de réduire les retraites, les plans sociaux et autres revenus des citoyens de ce mêmes pays. Au demeurant, l’orgie n’est pas finie puisque l’opportunité se présente aujourd’hui de produire encore et toujours plus de marges bénéficiaires sur les ventes des infrastructures grecques…

Il est vrai que, loin de se rebeller contre des vautours tentés par des restes encore alléchants tout en préservant un minimum l’intérêt de ses concitoyens, le Gouvernement grec abonde dans le sens des sacrifices à imposer à son peuple puisqu’il s’active à finaliser un plan prévoyant toujours plus de rigueur. Plus d’impôts donc mais également plus de privatisations, le but étant évidemment d’être en mesure de satisfaire et de rembourser en intégralité des spéculateurs et des investisseurs pertinemment au fait des risques contractés. Les grecs sont donc condamnés à s’acquitter de ces intérêts durant des décennies : en fait, c’est 10 à 20% de leur P.I.B. qui devront être consacrés au remboursement de leurs créanciers alors qu’il est de notoriété publique qu’une nation est en faillite virtuelle à partir du moment où le coût de financement de ses dettes dépasse 12% de son P.I.B….

Cette mentalité du gain à tout prix, du risque qui doit être en toute circonstance rémunéré, de l’appât du gain érigé en divinité féconde doit être brisée tout net! Cette spirale d’incompétence de la part de nos dirigeants économiques et financiers – spirale dont les citoyens sont toujours les seuls à payer un lourd tribut – doit être interrompue !

Michel SANTI Membre du World Economic Forum (Davos) et membre de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales ), également conseiller auprès de la Direction Stratégique et du Développement de l’IFRI.



09/06/2011
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