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L'Italie dans la zone des tempêtes

Europe : comment conjurer l’instinct d’auto destruction ?

03-11-2011 par Michel SANTI
Michel SantiEconomiste et Analyste Financier
http://www.gestionsuisse.com/2011/europe-comment-conjurer-l%e2%80%99instinct-d%e2%80%99auto-destruction/#more-2667

L’Italie sera-t-elle le prochain domino, elle qui doit se refinancer substantiellement en Février prochain ? Toujours est-il que, dans un contexte où les « spreads » entre sa dette et les Bunds allemands battent quotidiennement de nouveaux et aberrants records, elle ne saurait se refinancer l’an prochain si les taux se maintenaient à un tel niveau. C’est donc sous cette menace et sous la pression des autorités européennes (emmenées par Madame Merkel et par Monsieur Sarkozy) que le Gouvernement italien se propose d’adopter des mesures d’économies draconiennes dont le but serait d’enrayer cette spirale infernale. Elles seront pourtant et évidemment vouées à l’échec !

 

En effet, les marchés – qui dictent ces taux – ne sont pas préoccupés par la dynamique actuelle de la dette italienne, ni par l’état des dépenses publiques de ce pays. En fait, c’est l’intensification de la crise européenne et son corollaire « naturel » – à savoir l’envolée des taux de refinancements des dettes souveraines – qui poussent l’Italie jour après jour vers le précipice. Ainsi, alors que le ratio dettes /P.I.B. du pays est tout à fait supportable aujourd’hui, il serait condamné à s’aggraver de manière dramatique et terrifiante si les taux de refinancement imposés à l’Italie devaient augmenter de 2 ou de 3%… Ce « scénario grec » qui menace donc l’Italie serait en outre amplifié par des réductions de ses dépenses publiques qui auraient l’effet strictement inverse que celui pour lequel elles auraient été mises en place. En premier lieu, les économies budgétaires italiennes ne pourront jamais compenser le renchérissement des coûts de financement du pays. Ensuite, le coup de grâce – par définition final – sera assuré par le soin des mesures d’austérité qui aboutiront à une contraction du P.I.B. et à une descente aux enfers du déficit budgétaire, comme en Grèce, comme en Irlande, comme en Grande Bretagne… Au final, la dette italienne aura été coulée à pic par une austérité supposée réduire ses coûts de financement !

 

Qu’il est erroné – et impardonnable à nos dirigeants – de s’obstiner de la sorte dans cette rigueur dont le seul effet sera d’alimenter cette spirale des endettements et de prolonger les réjouissances – et le diktat – des marchés. Et qu’il aurait été simple de prendre à revers la spéculation en faisant intervenir la seule et unique institution Européenne à même d’éteindre l’incendie, à savoir la BCE. Les attaques prochainement dirigées à l’encontre du troisième débiteur mondial, la menace de défaut de paiement d’une nation dont les comptes publics sont endettés à hauteur de 1’900 milliards d’Euros pourraient effectivement se retrouver complètement neutralisées par une décision aisée mais lourde de sens qui consisterait pour la BCE à augmenter son bilan tous azimuts en levant les papiers valeurs des pays fragilisés.

 

Que les choses soient claires : l’Italie n’est pas en situation de banqueroute mais elle y sera immanquablement conduite par manque de prêteur en dernier ressort. Et faute d’une banque centrale vraiment digne de ce nom ! Par delà ces considérations techniques, comment s’empêcher de faire une constatation évidente : l’architecture européenne – dans sa forme actuelle – transforme ainsi les pays solvables en pays insolvables.



04/11/2011
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